SCIENCES PRATIQUES ET PRATIQUE DE LA SCIENCE
GILLES GASTON GRANGER
Le problême que nous nous proposons de formuler[1] est celui de l'association des sciences de l'homme à l'action . Toute science, il est vrai, depuis la grande prise de cons cience du xvro siêcle européen, semble bien se prolonger plus ou moins directement vers l'action. Mais le cas des sciences de l'homme est assurément três singulier, d'autant plus, sans doute, que la connaissance e st en ces domaines moins assurée. C'est à préciser cette singularité que nous allons nous attacher, sans oublier pour autant que le philosophe ne saurait espérer tout au plus que rendre les difficultés plus patentes; c'est aux hommes de sciences qu'il appartient, s'il se peut, de les résoudre.
LA CRISE DES "ANTI-SCIENCES"
Depuis moins d'un lustre, une nouvelle critique qui se veut radicale produit - en France en tous cas - ses argu ments et ses pamphlets sous l'invocation d'une "anti-science": anti-psychiâtrie, anti-économique, anti-psychanalyse (sous les espêces d'un anti-Oedipe) : Il est élégant, on le sait, d'être nietzschéen par les temps qui courent. Mais quels qu'en soient l'inspiration ou le ton, cette critique articule au fond trois griefs majeurs, accusant les actuelles sciences de l'homme, premiêrement d'être de simples facteurs de repro
duction de la sociéte telle qu'elle est, - deuxiêmement de pérenniser un cloisonnement sans fondement réel entre diverses disciplines, - troisiemement de se complaire volon tiers dans un fonnalisme mathématique illusoire. Griefs qU'on ne saurait traiter à la légere, et qui, à le bien prendre, renouvellent une objection constamment faite às ces disci plines, relativement à l'impossibilité d'une connaissance de l'homme neutre et positive, dénonçant alors une neutralité feinte pour lui substituer um engagement reconnu .
Dans l'état actuel des sociétés et des moeurs, la question devient pressante, le sociologue, l'économiste, le psychologue, le linguiste ayant été sommés de quitter leur cabinet. L'exten sion prodigieuse des moyens de vulgarisation a engendré une demande si puissante - et, doit-on le dire, si aveugle - qU'elle résiste à la disproportion pourtant évidente entre les espé rances et les succes tres modérés qu'obtiennent les techniques ou les rituels engendrés un peu hâtivement par leurs savoirs . Il est donc tout à fait sain de mettre en question cet appareil, de s'interroger sur la nature pratique des sciences de l'homme
et d'en tirer si possible des conséquences quant à la portée et aux limites des connaissances qu' on en doit légitimement espérer.
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Il n'est pas tout à fait inutile de rappeler que le statut d'une science empirique de l'homme en tant qu'animal raison nable et politique a déjà été défini par Aristote, comme celui d'une science pratique, irréductible à la fois à une simple technique et à une theoria au sens strict . D'une certaine maniere, et dans le contexte de la société grecque du IV.o
siecle, notre probleme a donc trouvé une solution dont l'exa men rapide est propre à nous mieux faire entendre le sens de nos difficultés .
Pour le Philosophe du Lycée, la science pratique est une connaissance des conditions de l'action bonne, du "bien-vivre" de l'homme en tant qu'homme. Mais la coupure entre science théorique et science pratique ne passe pas pour Aristote entre nature et culture, ni entre systeme causal, et systeme finalisé . La physique, science théorique, étudie en effet des systemes finalisés, et certaines parties de l'oeuvre du Philosophe ébauchent une connaissance positive théorique des institu tions et des actes de l'homme . La véritable distinction aristotélicienne nous paralt opposer une theoria comme connaissance des essences à une science pratique comme connaissance des geneses (lorsque le moteur est extérieur à l'être engendré) .
Le probleme d'une science pratique est donc posé dans l'aristotélisme en des termes qu'on ne pourrait retrouver aujourd'hui sans artifice, du fait, en particulier, que les natures, objets théoriques, y partagent avec l'acte et les pro duits humains le caractere de la finalité. Mais ce que pourrait nous enseigner encore valablement cette philosophie, c'est que les deux types de connaissance doivent être distingués d'abord non pas quant à leurs visées respectives, quant aux attitudes pragmatiques de contemplation ou d'intervention qu'on leur associe, mais essentiellement quant à la nature même de leurs objets, des types de réalité sur lesquels porte le savoir .
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C'est dans cette perspective que nous pouvons chercher à préciser le sens de la critique ci-dessus invoquée. Nous ne l'entreprendrons pas toutefois sans mettre en garde contre les
dangers d'une nouvelle Rhétorique de l'anti-science. Car nous ne sommes nullement disposés à cautionner, pour l'amour de la subversion pure, le dilemme qui nous contrain drait à déconsidérer toute tentative de connaissance objective des faits humains soit au profit d'un abandon à l'innocence supposée d'un âge d'or, soit au profit d'un recours à une doctrine totalitaire de l'homme présentée comme vérité universelle et sans appel.
COMMENT SE CONSTITUENT LES CHAMPS DE CONNAISSANCE
La premiere question que nous poserons d'abord peut être ainsi formulée : le découpage des faits est-il déterminé par la pratique?
Pour comprendre comment se produisent les probléma tiques en sciences humaines, il faut bien voir que la réalité vécue s'y présente directement comme symbolique. Sa signi fication est alors perçue de différentes manieres au sein de groupes humains différents, et cette perception dégage des problemes dont la position dépend largement de cette vision même. On pourra qualifier d'idé ologique une telle constitu tion d'un champ de connaissance. On n'en sera pas moins requis de s'interroger sur le bien fondé d'une attitude épisté mologique consistant à pretendre substituer les "vrais" problemes aux questions "apparentes" ainsi formulées. Le philosophe en tous cas se doit d'enregistrer la transformation
des problématiques tout aussi précisément que la transfor mation des faits, dans la mesure - fluctuante - ou ceux-ci peuvent être constitués et appréhendés indépendamment des problématiques contemporaines associées. Le rôle essentiel de la réflexion critique, en l' occurence, sera de systématiser explicitement les perceptions du symbolique et d'en faire apparaitre les présupposés .
A ce propos nous vient à l'esprit le mot célebre de Marx : "L'humanité ne se pose jamais que les problemes qu'elle peut résoudre". (Préface de la Critique de l'Économie poli tique, 1859) . Si l'on entendait à la lettre cette affirmation, il faudrait admettre aussi bien dans les sciences de la nature que dans les sciences de l'homme, une sorte de développement harmonieux et continu; mais l'histoire nous montre la radi cale inadéquation de cette image. Marx veut ici parler essen tiellement des situations sociales, qui ne sont pensées comme conflictuelles qu'à partir du moment ou les moyens de faire éclater le conflit existent: "Le probleme lui-même ne surgit que là ou les conditions matérielles pour le résoudre existent déjà, ou du moins sont en voie de devenir." Résoudre signifie évidemment ici décider d'un combat entre deux forces affrontées au profit de celle des deux qui est la plus neuve et la plus active. Il s'agit d'un probleme d'action, à quoi du reste se ramene aux yeux de Marx tout probleme de connais sance . Faut-il étendre le principe à toute question posée par les sciences de l'homme?
Pour qui se permet de douter que le dogme de la lutte des classes fournisse en toute circonstance une réponse satisfaisante, le mot de Marx comporte encore néanmoins une interprétation que corrobore l'histoire des sciences : un probleme - de connaissance objective - n'est véritablement posé que lorsque sa formulation rend sa solu tion possible. Et dans de nombreux cas, la solution entrevue permet une reformulation du probleme qui conduit elle-même à une solution plus précise. Cette solidarité question-réponse n'est nullement spécifique des sciences de l'homme; mais elle y donne lieu à un couplage si serré et à une rétro-action si sensible, que la solution risque trop souvent de se résoudre en pétition de principe, la connaissance en tautologie.
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Dans ces conditions, on voit que l'on ne peut sans précau tions toutes particulieres dire que la science des faits humains part d'un donné. Certains critiques de l'anti-science vont même jusqu'à présenter comme nouveau programme "une exploration des possibles", et assurer que les sciences de l'homme doivent "déboucher dans l'utopie" (Guillaume et Attali, in L'Anti-économique, Paris, 1974) . Oui, si l'on entend par là que l'homme ne nous intéresse pas seulement comme nature, et quil nous faut garder de confondre des états, qui sont toujours à quelque degré conjoncturels, avec une situa tion fondamentale et éternelle. Mais une science de l' "utopie" n'est rien si elle ne cherche d'abord les possibles dans l'actuel. Elle ne peut se refuser, sous prétexte d'explorer les possibles, à étudier le fonctionnement des sociétés existantes, et ne peut déclarer sans portée des mécanismes du fait qu' ils soient intégrés à des situations particulieres et transitoires .
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Pour une appréciation correcte des problématiques, la seule regle justifié nous paralt être de maintenir une dis tinction et une tension entre la visée d'une explication des faits humains - par modeles locaux - et la visée philoso phique d'intégration des faits dans une totalité, jamais accomplie par la science . Une connaissance scientifique de l'homme doit ainsi se garder de deux perversions opposées . L'une est celle d'un scientisme impérialiste qui se convertit en un dogmatisme métaphysique : il affirme qu'il y a une connaissance scientifique de la réalité humaine prise comme totalité (et en particulier de ses normes) ; mais cette connais sance est alors imposée sans contrôle véritable et la machi nerie scientifique tourne à vide. L'autre est celle d'un pragmatisme sceptique qui refuse à la science toute possibilité de connaltre l'humain, et n'accepte d'elle que des recettes . On ne peut tenter d'éviter ces pieges qu'en se proposant une idée suffisamment claire de l'articulation de la connaissance du fait humain et de la pratique .
CONNAISSANCE STRUCTURALE ET DECISION .
Si l'on veut que le mot de science conserve un sens qui l'oppose à d'autres especes de connaissance, et puisse conti nuer de s'appliquer aux sciences de la nature traditionnelles, il faut poser que toute science vise des objets. C'est-à-dire qu'elle ne peut opérer en tant que science que sur des abs tractions, assorties de processus de contrôle convenablement définis, soit du point de vue d'une cohérence interne - qui dépend d' une certaine logique -, soit du point de vue de l'expérimentation - qui dépend d'une technique instrumen tale. Le reproche de "formalisme stérile" fait à l'économique néo-classique, par exemple, ne dénonce pas un défaut absolu: l'appareil abstrait d'une science ne saurait être trop cohérent ni trop explicite; il porte en réalité sur le défaut de concep tualisation de son objet, qui apparait comme trop grossier en tant que représentation contrôlable d'un phénomene, et par conséquent vainement raffiné au contraire en tant que structure abstraite .
Le succes de la connaissance scientifique requiert que soit satisfaite l'exigence d'une conceptualisation adéquate; l'accent mis aujourd'hui sur les vertus supposées du modele masque aux yeux de certains les difficultés de la conceptua lisation. On croit quelquefois que le piétinement des sciences de l'homme vient d'un défaut de technologie, et l'on dit que, peut-être, ni la sociologie, ni la psychologie, ni l'économique même, n'ont les mathématiques qu'elles méritent. Il faut poser le probleme autrement, et dire que les sciences de l'homme n'ont pas encore découvert leurs concepts opéra toires; la mathématique, comme l'Intendance, suivra, et l'on s'apercevra sans doute que dans certains cas elle aura même précédé .
Le besoin d' "interdisciplinarité", et le mythe qu'il crée, traduit, croyons-nous la prise de conscience progressive de cette insuffisance de conceptualisation.
C'est un besoin de rompre avec la fixation traditionnelle du choix des variables stratégiques : à propos d'un même phénomene social, l'écono miste, le sociologue, le psychosocioloque privilégieront spon tanément des organisations différentes, et leurs discours seront tres rapidement divergents . Or dans les sciences de la nature, le probleme de l' "interdisciplinarité" s'est depuis longtemps posé, pour le physicien et le chimiste, par exemple. La solution a été la prise en considération de niveaux diffé rents et l'opposition, au sens bachelardien, du "phénomene' au "noumene", rendue opératoire par des regles de passage : la structure électronique des atomes est le "noumene" des "phénomenes" de valence . Mas ni le sociologue, ni l'econo miste ne savent encore articuler entre eux leurs savoirs .
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La direction qui nous parait être la plus féconde et la plus sare pour une conceptualisation des faits humains con duit aux modeles que nous avons appelés ailleurs "cyberné tiques". Dans de tels modeles apparait un systeme-support, qualifié par analogie d' énergétique, et un systeme informationnel, qui peut fournir, entre autre, une représentation interne plus ou moins complete ou défonnée de l'ensemble du modele . Ce systeme infonnationnel ne peut être schéma tisé comme enchevêtrement de forces, mais comme organi sation de signifiants . Nous ne développerons pas ici cette proposition que nous avons exposée à diverses reprises[2] . Nous nous contenterons de souligner dans cette perspective les deux difficultés maltresses qui font obstacle à son exécution .
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La premiere concerne la description des données, qui doivent alors être recueillies a deux niveaux à la fois, énergé tique et informationnel. Tres souvent, ces deux niveaux se trouvent confondus dans les enquêtes empiriques. Aussi bien, une collecte utilisable des données infonnationnelles suppose rait une analyse sémantique préalable du systeme, qui en four nirait les cadres. Mais quand cette analyse a été faite, ses ré sultats, au lieu d'avoir été intégrés comme étage information nel dans un modele cybernétique complet, ont été générale ment interprétés comme constituant en eux-mêmes un modele.
C'est ainsi que la théorie des systemes de parenté ou celle des structures mythiques ne s ont susceptibles d'expliquer aucun fait, si on les considere en elles-mêmes . Elles décrivent des réseaux informationnels auxquels il faudrait adjoindre un sc.héma de soubassement énergétique pour obtenir un modele se prêtant à une explication des faits .
Mais c'est ici que la seconde difficulté se présente: comment coupler la partie énergétique du modele total à sa partie informationnelle? Comment "agissent" les "infonna tions"? Sur le graphe d'une machine cybernétique les points de jonction du circuit infonnationnel et du circuit énergétique représentent des mécanismes que notre science sait produire et, peu ou prou, expliquer. Sur le graphe d'un modele de fait humain, ces points sont encore pour nous, le plus souvent, des boites noires, dont la fonction de transition est même inconnue ou tout à fait incertaine.
Dans chaque cas parti culier, la recherche d'une solution au probleme de l'articulation de l'infonnationnel à l'énergétique fait apparaltre d'une façon concrete, et en même temps accessible à une connaissance contrôlable, le passage des structures aux événements, et débouche tres naturellement sur une technologie de l'action . C'est ici, croyons-nous, le véritable lieu épistémologique d'une "théorie de la décision". Toute théorie de la décision tend vers une description de l'insertion de l'in formationnel dans l'énergétique; en ce sens elle exprime bien autre chose qu'une simpIe orientation vers l'application, et si la rencontre d'un tel probleme est inéluctable lorsqu'on s'efforce de constituer une connaissance scientifique des faits humains, on voit en quel sens non trivial il faut entendre le caractere pmtique de cette science, et comment il est inscrit dans la nature même de l'objet .
LES SCIENCES HUMAINES DANS LE CORPS SOCIAL .
Nous terminerons par quelques breves réflexions sur l'insertion des sciences de l'homme dans le corps social. Tout d'abord, qui utilise ces sciences, et comment? Sans aucun doute, les groupes dominants, qui ne sont pas seulement les groupes au pouvoir. Il faudrait s'interroger à ce propos sur le concept de "science de classe" dont le peu de consistance semble aujourd'hui tacitement reconnu, puisqu'il est de moins souvent allégué. Sans doute le choix des questions et des types de réponse est-il, comme nous le remarquions plus haut, étroitement dépendant d'une certaine perception de la réalité symbolique par des groupes plus ou moins étendus, parmi lesquels, tautologiquement, les groupes dominants dominent . . . Mais la question est de savoir si cette détermi nation pour ainsi dire naturelle des orientations de la connais sance, d'une part entralne une fermeture du corps doctrinal constitué et un aveuglement durable à certains aspects de la réalité, - d'autre part, peut compenser la stérilité et l'inefficacité éventuelles de cette connaissance. Ce qui paralt importer pour l'histoire des sciences dans la dynamique des groupes sociaux, ce n'est pas à vrai dire que les intérêts de tel groupe soient représentés dans la science. C'est beaucoup plutôt que la structure sociale commande en partie l'inertie et la viscosité des paradigmes scientifiques .
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La production des connaissances, dans le domaine des sciences humaines plus qu'ailleurs, est sans doute inséparable des utilisations escomptées. Une étude positive un peu complete de ces tentatives d'utilisation aurait donc beaucoup d'intérêt, mais elle est à peine esquissée et l'on peut craindre que l'entreprise ne rencontre de sérieux obstacles nés de l'amour-propre des utilisateurs et des producteurs. Sans
préjuger de ces résultats, ce n'est pas trop s'avancer que de formuler deux réquisits pour que les sciences de l'homme puissent être effectivement utilisées par les " décideurs", et ne jouent pas seulement le rôle de discours paralleles aux opérations intuitives des hommes de l'art. Il faudrait en premier lieu qu'elles fournissent des modeles ou les variables stratégiques soient bien définies et accessibles, et des modeles complets, auxquels ne manquent ni l'étage énergétique, ni l'étage informationnel. II faudrait en second lieu qu'elles soient produites dans une société apte de par sa structure, à orienter sa propre action, condition qui n'est que tres partie llement réalisée dans les sociétés contemporaines .
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Pour qui croit pouvoir constater que de tels réquisits ne sont pas généralement satisfaits, l'enseignement des sciences de l'homme fait probleme. II nous paralt clair en tous cas
·que deux attitudes-refuges doivent être - et sont assez souvent - dénoncées : l'académisme, qui se cantonne dans l'exposé dogmatique de "connaissances" incertaines présentées comme assurées et acquises pour l'éternité, - le " philo néisme", qui se jette sans discernement sur toute nouveauté pour la mettre au rang de vérité confirmée. Au contraire, la voie la plus féconde dans les circonstances présentes, mais aussi la plus ingrate et la plus difficile, consisterait peut-être
à suivre deux regles : premierement, présenter les théories sans les détacher jamais de leur histoire et d'une critique conceptuelle, - deuxiemement, décrire les questions posées par la pratique sociale, et en particulier celles auxquelles ces théories ne tont pas de pZace, ou qU'elleS échouent manifes tement à élucider. Ainsi serait-il permis d'espérer que
l'enseignement éveille à la fois des utilisateurs conscients de nos ignorances, et des chercheurs disponibles pour l'invention d'une science future .
juillet 1974
[1] Nous ré digeons ici le canevas d'une communication faite aux Facultés Universitaires Saint-Louis, à BruxeIles, à I'occasion des journées d'études .:Philosophie et sciences humaines» ( 29-30 mars 1974)
[2] par exemp1e recemment in Sobre el trato de los factos humooos como
objetos, Dianoia, Mexico, 1 973.